Il existe un instrument qui s’entend à peine, dont on joue en Afrique pour soi seul dans la hutte, ou en dehors sans gêner ni entraîner personne. Rudimentaire, archaïque, fabriqué apparemment sans règles, librement, par le forgeron du village, la sanza (c’est son nom), l’une jamais identique à l’autre, ne se prêtant à aucune mélodie un peu suivie, ne dépendant d’aucune gamme. Anarchique, Musique de murmure, l’inverse de la musique de compétition, de composition. Instrument pour rêveusement se soulager de tous les bruyants du monde. L’instrument de l’écoute individuelle. Voilà ce qui m’aurait convenu… 

Henri Michaux

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